Lyon : un capital joueurs de 394 millions d’euros

La Direction de l’Olympique Lyonnais a fait évaluer le Capital Joueurs de son effectif par Ginkyo Ratings.

Source l’Equipe | Hervé Penot | le 15 novembre 2018

C’était une idée née dans les couloirs feutrés d’une réunion au ministère de Finances : en 2014, en marge d’une réunion où ils étaient conviés, les dirigeants lyonnais et Ginkyo Ratings, une entreprise basée à Lyon et membre de l’Observatoire de l’immatériel, sont alors convenus de travailler ensemble sur un projet. Comment faire apparaître la valeur des joueurs dans les états financiers, comment donner un poids à ces actifs jamais comptabilisés dans les bilans ?

Jean-Michel Aulas évoquait dans nos colonnes, lors de notre enquête sur « la vraie valeur des clubs de L1 » (L’Equipe du 19 octobre), ses propres chiffres : ils seront dévoilés ce vendredi par Vincent Ponsot, le directeur général adjoint de l’OL. Ce capital joueur atteindra environ 394 M€ au 30 juin dernier. Le duo de tête ? Memphis Depay et Nabil Fekir, valorisés à un peu plus de 50 M€ chacun selon les chiffres avancés par le club. Mais depuis, Ndombele et Aouar pointent dans les mêmes eaux.

On constate aussi que Tousart, autre espoir, est au-dessus de 33 M€. Cette évaluation est loin d’être un gadget puisqu’elle est au coeur d’une stratégie plus globale des dirigeants pour valoriser leurs actifs. « L’idée était en fait de valoriser les joueurs formés par le club qui n’apparaissaient nulle part dans les états financiers. Les comptabiliser, les intégrer dans le bilan était donc novateur », explique Pierre Caillet, le président de Ginkyo Ratings, qui parle ainsi de la valeur du footballeur et non d’une valeur de transfert.

Sept domaines d’évaluation

« Nous avons une expertise dans la valorisation des actifs immatériels, donc hors bilan, poursuit-il. Les clubs de foot ne sont pas des entreprises comme les autres, les joueurs ne sont intégrés que lorsqu’il y a un transfert. Ensuite, si le joueur a un prix, il perd chaque année en raison de son amortissement et les jeunes n’apparaissent nulle part. » Que valent ainsi des Aouar ou des Fekir, formés à l’OL ? Ginkyo Ratings, qui a aussi travaillé sur Nice, a établi sept thèmes d’évaluation : le physique, la technique, le mental, la tactique, le potentiel, le relationnel et le capital santé.

Chaque garçon (centre de formation compris) est jugé par un collège de six personnes (trois en interne et trois en externe). Les entraîneurs lyonnais participent à cette évaluation comme des anciens joueurs ou entraîneurs comme Eric Carrière, Alain Roche, Raymond Domenech, Gérard Houllier… « C’est très bien fait, explique un évaluateur qui a l’obligation de garder l’anonymat. Ça prend du temps. On donne des notes de 1 à 10 sur plein de points comme par exemple pied droit, pied gauche, relance, duels aériens, potentiel, quelle image le joueur renvoie, est-il « bankable » ? etc. Ce n’est pas toujours facile mais si on n’a pas d’avis sur un domaine, on peut le mettre aussi. »

Tout est donc précis, pointu. « Notre méthodologie se base ensuite sur des équations linéaires que nous avons mises au point avec un laboratoire mathématique lyonnais, souligne Pierre Caillet. Nous sommes partis sur un modèle développé par l’Observatoire de l’immatériel et la Direction générale des entreprises du ministère de l’Economie qu’on a décliné sur le foot. Et notre méthode remise à Bercy a été auditée par un collège d’experts internationaux qui l’a validé le 8 janvier. Les clubs peuvent donc demander à évaluer à leur juste valeur leurs effectifs avec l’intégration dans les états financiers. Sur chaque joueur, tout est passé au crible, on a 200 points de référence. Et grâce à l’outil mathématique, si on sent que certaines notes ne correspondent pas à la réalité, en raison par exemple de soucis que peut rencontrer un évaluateur avec un joueur, elle est éliminée d’entrée, ça écrête illico pour être le plus juste possible. » En 2016, l’OL était évalué à 190 M€. Les chiffres de cette saison seront donc un atout de poids auprès des actionnaires et des possibles futurs investisseurs, ce qui est aussi le but d’une telle expertise.

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